
Bingwa Civic Tech Lab au coeur de la solidarité Numérique avec les Défenseurs des Droits Humains présents à Goma
Dans un contexte sécuritaire tendu, en date du 01 Mai 2025, Bingwa Civic Tech Lab a organisé une session de capacitation des défenseurs des droits humains de première ligne à Goma en matiere de securite numerique, juste quelques semaines après la chute de la ville entre les mains de la rébellion du M23.
Ceci est intervenu à un moment où une solidarité entre les acteurs de la société civile œuvrant pour la promotion des droits humains était d’une importance capitale.
Une étude interne préalable au sein de Bingwa Civic Tech Lab, et compilée dans un Rapport d'évaluation des besoins des organisations de la société civile présentes à Goma/Nord-Kivu au mois de Mars 2025, a fait un état des lieux de la situation des défenseurs des droits humains dans la région et a permi d'identifier et de synthétiser, par thème, les besoins et les défis exprimés par les organisations travaillant dans la région de Goma et du Nord-Kivu. Les réponses analysées ont porté sur les domaines suivants :
Sécurité numérique
Réponse aux violences basées sur le genre (VBG)
Accès aux outils numériques
Renforcement des capacités / Formation
Soutien en matière de plaidoyer
Autres besoins (complémentaires)
Cette étude qui a connu la participation de huit (8) Organisations de la Société Civile de la Province du Nord-KIvu a démontré que la sécurité numérique était un besoin transversal exprimé par la majorité des organisations, avec une forte demande de formation, d'outils de communication sécurisés et de solutions de protection des données.
Les défis communs étaient entre autres : vulnérabilité aux cyberattaques et l'absence ou l'insuffisance d'infrastructures numériques sécurisées, etc.
La sécurité numérique, l'accès aux outils numériques et le renforcement de capacité étant parmi les thématiques qui ont plus particulièrement attiré notre attention, ces dernières ont fait l’objet d’une réévaluation dans le cadre de notre mission d’appuyer techniquement les Organisations de la société civile en termes de sécurité numérique en République Democratique du Congo.
Tirer parti du kit d'outils “tout-en-un” de Sécurité Numérique pouvant convenir dans la poche
Cette session de formation a abordé les méandres de la sécurité numérique avancée grâce à l’utilisation d’un Système d’Exploitation portable pour faire face à la Censure et la Surveillance dans un contexte sécuritaire volatile.
Tails, ou « Le système Amnesic Incognito Live », est une distribution Linux basée sur Debian, axée sur la sécurité et visant à préserver la vie privée et l'anonymat contre la surveillance. Le système se connecte à l'internet exclusivement par l'intermédiaire du réseau d'anonymat Tor et compte à ce jour 25 000 utilisateurs quotidiens à travers le monde entier.
Grâce à une panoplie d’applications sécurisées utiles dans le cadre de la sécurité numérique, les organisations membre de notre réseau ont eu une occasion d’explorer un outils libre et gratuit offrant un accès à Internet anonyme , des Outils de nettoyage des métadonnées, des logiciels de communication cryptées ainsi que la Gestion sécurisée des mots de passe.
Sans installation préalable requise et fonctionnant directement à partir d'une clé USB, cet outil permettra au Défenseur des Droits Humains de rendre son ordinateur sécurisé où qu’il soit, et de pouvoir temporairement transformer son propre ordinateur en une machine sécurisée et de rester en sécurité lorsque ce dernier utilise l'ordinateur de quelqu'un d'autre.
Se préparer aux perquisitions et aux saisies des appareils mobiles
Cette session a également porté sur la sécurité numérique des appareils mobiles pouvant faire l’objet des fouilles ou des confiscations; et une question essentielle a été posée aux participants : « Quelles mesures pouvez-vous prendre si vous vous retrouvez dans une situation où votre téléphone est confisqué ou fuité ? »
Les réponses des participants ont été à la fois pertinentes et révélatrices en faisant allusion à certaines actions pouvant être entreprises notamment : la suppression des données sensibles, la réinitialisation complète de l’appareil ou la suppression manuelle des fichiers ou messages…
Cependant, un point crucial a été soulevé pour attirer l’attention de tout le monde: que ces méthodes ne garantissent pas la suppression définitive des données. En effet, des outils spécialisés comme Cellebrite ou GrayKey sont capables de récupérer des informations supprimées, même après une réinitialisation.
Agir dans l’urgence peut paraître légitime, et supprimer une discussion WhatsApp dans la panique peut sembler utile, mais les données ne sont pas complètement effacées; et si une sauvegarde dans le cloud (Google Drive, iCloud) est activée, les discussions peuvent être restaurées après réinstallation.
Même la suppression de l’application elle-même ne garantit rien tant que les sauvegardes automatiques ne sont pas désactivées.
Face à la complexité de la situation, Bingwa Civic Tech Lab a partagé les bonnes pratiques utiles dans ce contexte et a permis aux participants de reconnaître que la sécurité numérique n’est pas une option, surtout pour les défenseurs des droits humains, journalistes et elle commence par des gestes simples : (mot de passe fort, verrouillage de carte SIM, notifications désactivées…) pouvant aller jusqu’à faire recours à des outils avancés comme Tails OS, garantissant anonymat et confidentialité.
Cette activité s' inscrit dans le cadre de notre mission à pouvoir créer une solidarité numérique entre les défenseurs des droits humains oeuvrant dans les zones à haut risque et qui mettent souvent leur vie en danger pour la promotion de la justice sociale.
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